Ver de terre

Les mottes résistantes, je les frappe pour les décomposer. Cette parcelle est assez propre, il n’y a que quelques racines de part et d’autre, que j’enlève. La terre respire.

En retournant la terre, j’aperçois un ver de terre. Il est paralysé de terreur. Son monde vient de s’écrouler, littéralement. Tout est sens dessus dessous pour lui. Il fait semblant d’être mort. Je considère sa petite taille, sa vulnérabilité, son aspect misérable.

« Ne crains rien, vermisseau de Jacob »

Sommes-nous des vers comme celui-ci ? Minuscules, vulnérables, misérables.

J’enfonce la fourche dans la terre avec mon pied, je la pousse vers le haut et soulève le bloc de terre. Je le laisse s’abattre à la surface. Il s’éclate en plusieurs mottes, certaines s’effritent complètement.

Je pense à l’histoire pour enfants qu’on vient d’écouter, dont le héros ver de terre finit par permettre à un bulbe de tulipe, enterré depuis des années, de pousser, en aérant la terre trop dure qui l’empêchait de percer. Qui eut cru qu’un si petit être pouvait faire refleurir une parcelle abandonnée ?

Et si nous étions appelés, comme ce ver de terre, à aérer la terre pour permettre à de belles choses de pousser ? Quand nous vivons un « coup de fourche» qui semble annoncer la fin du monde, n’est-ce pas un coup de main pour nous aider dans notre mission? Nos tunnels sont détruits, mais la terre s’aère quand même, à une échelle plus grande. Et nos futurs tunnels seront plus faciles à creuser.

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