Passiflores

On m’a offert deux passiflores, ces plantes grimpantes qui arborent des fleurs particulières qui se transforment en fruits de la passion dans des contrées plus chaudes.

Je ne savais pas où les planter, parce qu’elles avaient besoin d’un endroit ensoleillé.

En attendant, je les ai rempotées dans des pots un peu plus grands. Puis, j’ai oublié que je devais leur trouver un autre lieu d’habitation, et je les ai respectivement laissées faire des fleurs, se faire manger par les limaces, et dessécher par la canicule.

Les bébés pleurent et crient quand ils ont besoin de quelque chose ; les plantes souffrent en silence. Quand j’oublie de leur accorder de l’attention, elles se flétrissent et me confrontent à mon manque de responsabilité. Si je ne vais pas vers elles, elles ne viendront pas vers moi.

En prenant le temps de marcher parmi mes plantes, de les contempler, j’observe les signes de manques et je peux interpréter leurs besoins. En même temps, elles me renvoient à moi-même. De quoi ai-je besoin? Souvent, je ne prend pas la peine de m’attarder à cette question. Pourtant l’étroitesse et l’emplacement de mon pot me mettent à mal, et des limaces se nourrissent de mes forces, m’empèchant de grimper plus haut et d’étaler mes fleurs-passions. Pas si flores, mes passiflores.

Mais j’ignore tout cela pendant un certain temps, et c’est parfois le regard d’autrui qui me fait prendre conscience de mon état, et m’annonce en silence cette bonne nouvelle :

Des pots plus grand existent! Tu ne dois pas te laisser manger! Il est possible de trouver une place au soleil et d’être désaltérée! Et l’espoir renaît pour de futurs fruits de la passion…