J’aime cette photo. Elle me fait penser à la protection offerte par un parent à son enfant. On l’enveloppe, on lui permet de grandir en sécurité pour qu’il puisse ensuite prendre son envol, comme l’oiseau de cet ornithogale que j’ai choisi parmi tant d’autres. Il restera toujours attaché à la plante, mais pourra se développer librement et s’épanouir.
C’est la première fois que j’accueille un ornithogale à la maison. Je me suis renseignée comment le soigner. Il s’agit de laisser sécher la terre entre deux arrosages, il ne faut surtout pas qu’elle reste humide en permanence. Là, j’ai pensé à ces enfants qu’on gâte sans relâche, et qui comme le bulbe, finissent par pourrir à force de baigner dans l’abondance. Je veux laisser la terre sécher, laisser le manque créer une soif, valoriser une curiosité, un désir ; donner l’envie de tendre le cou en anticipant quelque chose de nouveau, de différent, de rare.
Et puis, il y a ma terre à moi. Est-elle trop sèche ? La feuille de soutien que je représente manque-t-elle de vigueur ? A force de jouer le rôle de parent protecteur, de m’occuper de mon devoir, ai-je ignoré mes besoins ? Au lieu de m’occuper de mes besoins, ai-je compensé en gâtant mon fils ? Parfois, j’ai écouté cette petite voix sournoise : « Que toi tu ne t’amuses pas, c’est une chose – laisse-le au moins profiter, lui. Tu ne veux quand même pas qu’il ait une vie qui ressemble à la tienne… »
Mais ma terre, et celle de mon fils, ce sont les mêmes. Nous nous nourrissons des mêmes racines. L’eau de régénération, de récréation, on en a soif tous les deux. Alors, au lieu d’opposer ses besoins aux miens, je construis des ponts, et on se rafraîchit ensemble par des activités épanouissantes pour l’un comme pour l’autre.
flor et sens 