Feuilles vierges et jeunes pousses

Depuis l’enfance, quand je me rends dans une papeterie, je suis émerveillée par tant de feuilles vierges destinées aux semaines et aux mois à venir, les cahiers à remplir, tout ce blanc qui fait rêver au possible, comme ces fleurs d’un blanc chaud qui recouvrent les arbres, animant l’espoir d’un temps meilleur.

Je pense à ces arbres qui deviennent feuilles pour écrire, raconter des histoires, développer des idées.  Par le biais du papier, l’ancienneté des arbres s’imprègne de la plume humaine et lui accorde de la longévité.  

Des ratures il y aura, des feuilles déchirées.  Sauf dans ces cahiers si beaux qu’on n’ose y écrire, de peur de les avilir… Ils restent purs comme une couverture de neige, jusqu’à ce que fonde cette pudeur et qu’apparaisse la couleur… la sève de l’encre monte enfin à leur surface pour leur faire vivre une saison particulière.

Cette lancée initiale est sans frein, sans un regard en arrière.  D’un trait ininterrompu, le flux de la vie coule, sans hésitation, trop beau pour s’arrêter. 

J’aime voir les jeunes feuilles qui se déploient comme du linge frais, séchant en se mouvant dans le vent.  Elles annoncent le début de quelque chose de prometteur.

Aucun insecte n’a décapité le potentiel de ces petites pousses vigoureuses.

Tout est encore possible.